A) Du « thaumatrope » au « praxinoscope »

Vers la fin du XIX° siècle, les savants ont su - enfin - donner l'illusion du mouvement grâce aux images. Sur un dessin « fixe », on pouvait voir des personnages en action à un moment donné. Par exemple la pluie qui tombe est représentée avec des traits fins verticaux pour montrer quelque chose d'un peu vivant, mais rien de bien réel. Les jeux d'optique ont reçu des noms étranges de leurs inventeurs (et un peu pédants, il faut le dire) : le thaumatrope, le folioscope, le phénakistiscope, le zootrope, le praxinoscope.

Toutes ces inventions ont contribué à la naissance du septième Art : le cinéma !

du grec : thauma, prodige et tropion, tourner

En 1820, deux Anglais Fritton et Paris inventent un jouet qu'ils appellent le thaumatrope, c'est-à-dire le « prodige tournant ».
Il s'agit d'un disque sur lequel sont représentés deux dessins distincts : par exemple, on peut avoir d'un coté une souris et de l'autre une cage.
Si l'on fait tourner le disque assez rapidement, on peu voir la souris dans sa cage...

du latin : folium, la feuille et du grec : skopein, examiner

L'origine du folioscope est incertaine et pourtant on l'attribue au Français Desvignes vers 1834. Toutefois, le folioscope est breveté par l'Anglais Linnett en 1868, par l'Américain Van Hoevenbergh en 1872 et 1882. Un folioscope est un livret où chaque position est dessiné sur une page. Le mouvement est recomposé par effeuillage.

Ce qui est notable, ce sont les dates : comment se fait-il qu'un si simple dispositif n'ait pas été conçu bien avant le phénakistiscope (1833) ? Les livres existent déjà depuis un certain temps et jamais personne n'a effeuillé un bouquin d'un air rêveur ? Un moine un peu distrait n'a-t-il jamais effeuillé lui non plus son manuscrit enluminé ? Mystère...

du grec : phenax, trompeur et skopein, examiner

Entre 1829 et 1833, un physicien belge, Joseph Plateau se livre à plusieurs expériences sur les propriétés de l'œil (ironie du sort, cet inventeur deviendra aveugle les dernières années de sa vie).
Lui aussi invente un jouet qu'il appelle le phénakistiscope. Il s'agit de deux disques en cartons. Sur  l'un se trouvent dessinées les différentes phases d'un même mouvement et l'autre est percé de fentes réparties de façon aussi régulière que les images. En faisant tourner les deux disques placés sur un même axe, on a l'impression de voir le mouvement se faire et se répéter.

du grec : zôon, l'animal et tropion, tourner

Créé en 1833 par William Horner, le zootrope est un cylindre percé de fentes dans lequel est placée une bande d'un mouvement découpé. A chaque fente correspond un dessin. Lorsque le tout se met à tourner, en regardant par les fentes, on a l'impression que les images se suivent sans rupture.
Les bandes dessinées de Horner représentaient principalement le mouvement d'un animal d'où le nom du système,
zootrope.

du grec : praxis, l'action et skopein, examiner

En août 1877, un instituteur du Puy-en-Velay, une petite ville du Massif central, dépose un brevet pour un objet qu'il appelle « praxinoscope ». Cet homme s'appelle Émile Reynaud. L'année suivante, il monte à Paris pour présenter son appareil lors d'une grande exposition internationale.
Pour la première fois, le grand public peut voir des personnages bouger, nager, sauter…
Le  praxinoscope améliore nettement tous les instruments précédents. Il permet d'observer de véritables petites scènes de manière agréable au moyen d'un dispositif qui comporte plusieurs miroirs à facettes ce qui diminue considérablement toutes les impressions de saccade. Cependant, chaque scène ne comporte que 12 images, ce qui la rend courte et un peu ennuyeuse au bout d'un certain temps, à vrai dire...